Tergiversation gouvernementale sur l’initiative « 1000 emplois »  

Article publié sur SIT info – février 2022

Le Conseil d’Etat recommande le rejet de l’initiative syndicale  » Pour la création d’emplois sociaux et écologiques et la réduction de la durée du travail », mais se déclare ouvert à collaborer à un contre-projet. De la part d’un gouvernement à majorité rose-verte, dont les partis respectifs soutiennent l’initiative, cette position est pour le moins problématique.

PRÉOCCUPATIONS LÉGITIMES
Le Conseil d’État dit « partager les préoccupations et les objectifs poursuivis par les initiants ». Soit. Il admet que « la gravité de la crise climatique nécessite une accélération de la transition vers une société durable et des modes de production et de consommation respectueux du climat » tel que le propose l’initiative et qu’il entend favoriser la création d’emplois dans le but de lutter contre le chômage, d’améliorer la cohésion sociale, de renforcer la lutte contre le changement climatique, d’accentuer la promotion de la santé et la prévention des maladies et de promouvoir les modes de production et de consommation durables. Au vu du taux de chômage, qui a certes un peu baissé depuis le lancement de l’initiative en avril 2021, mais se situe à 4,4 % aux dernières statistiques, et de l’urgence climatique qui n’a pas reculé, encore heureux qu’un gouvernement cantonal à majorité de gauche partage ces préoccupations.


ARGUMENTS INCOMPRÉHENSIBLES
Cependant le Conseil d’ tat invite le Grand Conseil à rejeter l’initiative et à y opposer un contre-projet, pour lequel il se dit prêt à contribuer. Parce qu’à son avis l’initiative raterait sa cible, et parce que la création de 1000 emplois par an dans le social et l’écologie, ancrée dans la Loi sur le développement de l’économie, ne garantirait pas un emploi aux sans emploi, et ne garantirait pas l’équilibre financier.
En outre, le Conseil d’État considère que la réduction de la durée du travail en tant que mesure de création d’emploi n’a pas lieu d’être retenue dans le cadre de la mise en œuvre de la création d’emplois sociaux et écologiques.


REJET PROBLÉMATIQUE
Les quelques arguments exposés dans le communiqué du Conseil d’État pour aboutir à une recommandation de rejet sont pour le moins incompréhensibles. La recommandation finale de rejet d’une initiative lancée par les syndicats et soutenue par le PS et les Verts, venant d’un gouvernement à majorité de gauche, est pour le moins problématique. Surtout lorsque l’on examine la piste esquissée par le Conseil d’État comme étant plus pertinente que le contenu de l’initiative pour aboutir à la création d’emplois sociaux et écologiques. Il y affirme que « l’État s’emploie à favoriser la formation, l’employabilité et la création d’emplois durables ».


QUEL CONTRE-PROJET ?
Dans l’hypothèse que le Grand Conseil suive les recommandations du Conseil d’État d’opposer un contre-projet à l’initiative, le SIT est évidement ouvert à la discussion. Mais il ne bradera pas les 7 000 signatures en soutien à l’initiative pour un contre-projet édulcoré qui viendrait cautionner l’(in)existant. Pour sortir du marasme écologique et social actuel, il faut changer de cap et proposer des impulsions fortes. Ce sont bel et bien 1000 emplois par an qu’il faut créer, et encourager la réduction de la durée du travail, tel que le préconise l’initiative. Au-delà des propos lénifiants sur les préoccupations légitimes des initiant-e-s, c’est ce que ne semble pas vouloir comprendre le Conseil d’État.
Manuela Cattani


Tergiversation gouvernementale sur l’initiative « 1000 emplois « 
Le Conseil d’État a validé l’initiative « Pour la création d’emplois sociaux et écologiques et la réduction de la durée du travail », mais préconise son rejet et un contre-projet.

VALIDATION SUR LE PLAN JURIDIQUE
Dans la mesure où elle respecte l’ensemble des conditions de validité d’une initiative populaire cantonale, le Conseil d’État a validé le texte de l’initiative. Cela signifie que le texte est conforme au droit supérieur. Ce qui n’est jamais évident ni simple, parce que la rédaction d’initiatives populaires est un chemin semé d’embûches. Cette validation est donc un bon point pour les initiant-e-s.