Argumentaire

Pour une sortie sociale et écologique de la crise :
1000 emplois par an et réduction du temps de travail

Initiative pour la création d’emplois sociaux et écologiques et la réduction de la durée du travail (initiative 1000 emplois)

Changer de cap, sortir de la crise : que prévoit l’initiative ?

Nous vivons une crise grave et multiforme – sanitaire, sociale, économique, climatique – aux conséquences dévastatrices. Pour éviter la précarisation de la population, le chômage de masse, la relance de l’économie au détriment du climat ou le report de charge sur les femmes, l’initiative propose une transition plus rapide vers une société durable, écologique et sociale, grâce à deux mesures :

  1. tant que le chômage est élevé, la création de 1000 emplois par an dans les domaines sanitaires, sociaux, du « care » et de la transition écologique, dans les collectivités publiques cantonale et municipales et institutions à but non lucratif poursuivant des buts d’intérêt public ;
  2. l’encouragement à la réduction de la durée du travail sans réduction de salaire de 41 à 32 heures hebdomadaire d’ici à 2030.
Contre le chômage: 1000 emplois

A Genève, environ 30’000 personnes sont à la recherche d’un emploi ou dans une situation de sous-emploi. Avec la crise du Covid, de nombreux secteurs sont frappés par les licenciements et les menaces de faillite. Le nombre de personnes sans-emploi recensées, notamment chez les femmes et les jeunes, augmente rapidement : plus 50% en une année !

Alors que les statistiques officielles annoncent un taux de chômage en février de 2021 de 5.7% (19’798 demandeurs/euses d’emploi pour 13’991 personnes indemnisées), de nombreuses personnes demandeuses d’emploi ne sont pas comptabilisées dans les statistiques officielles : il s’agit notamment de travailleurs/euses soumis à des contrats atypiques qui ont perdu leur emploi avec la crise (temporaires, auxiliaires, jobs d’étudiants, extras, travail sur appel à zéro heure), mais aussi du chômage exporté en France voisine. Il faut aussi y ajouter le sous-emploi, soit les salarié·es à temps partiel, bien souvent des femmes, souhaitant travailler à un taux plus élevé mais n’y parvenant pas.

L’initiative prévoit que la création d’emploi est d’au moins 1000 emplois par an lorsque le taux de chômage au sens du Séco est supérieur à 5%, et réduit en proportion lorsque ce taux est inférieur. Au moment du lancement de l’initiative le taux est de 5,7% février 2021 (corriger avec taux de mars si plus haut).

Contre la précarisation de l’emploi : 1000 emplois par an

Afin de contourner les droits existants et les assurances sociales, les entreprises ont misé sur la précarisation de l’emploi : morcellement et ubérisation du travail, intérim et courtes durées, travail sur appel, jobs d’appoint, faux-stages, bas salaires, heures non comptabilisées. Revenus fluctuants et insécurité de l’emploi en sont les piliers.

Les emplois sociaux et écologiques crées par l’initiative sont des emplois « normaux », à durée indéterminée, stables, aux conditions habituelles prévues par les collectivités publiques et les institutions à but non lucratif. Il ne s’agit ni de faux stages ni d’emplois de réinsertion à courte durée stigmatisants.

Pour le climat : 1000 emplois par an

La gravité de la crise climatique nécessite une accélération de la transition vers une société durable, et des modes de production et de consommation plus respectueux du climat.
L’initiative propose la création de milliers d’emplois, dans la conception, la production, la maintenance, la surveillance, le conseil ou encore l’expertise, et à tous les niveaux de qualification. Ces emplois, dans des domaines aussi divers que l’énergie, les transports, la planification territoriale, la gestion des déchets, la promotion économique, la formation ou l’approvisionnement alimentaire permettront notamment de favoriser la mise en œuvre des plans zéro carbone qui sont peu à peu adoptés par les autorités.

Pour le développement durable : 1000 emplois par an

Genève dispose déjà de lois cantonales sur le développement durable/Agenda 21 et sur le développement de l’économie et de l’emploi. Mais les objectifs et actions stratégiques de mise en œuvre de ces lois ne sont plus à la hauteur de la crise multiforme que nous vivons.
L’initiative propose de réorienter rapidement ces politiques publiques en mettant l’accent sur la cohésion sociale, la lutte contre le réchauffement climatique, la promotion de la santé de la population, la promotion des modes de production et de consommation durables. L’initiative préconise la création de 1000 emploi par ans dédiés à ces objectifs.

Pour des services publics au service de la population : 1000 emplois par an

Alors qu’au cours des 25 dernières années la population genevoise a augmenté de 400 à plus de 500’000 personnes, elle a aussi vieilli et s’est précarisée. Les services publics et parapublics n’ont pas suivi et accusent du retard. Des crèches aux EMS, de l’hôpital à l’aide à domicile, de l’enseignement aux secteurs sociaux, de la prévention des canicules aux transports publics, des milliers d’emplois sont à créer. C’est le rôle de l’Etat de donner les impulsions volontaristes pour le bien commun.
Les emplois visés par l’initiative sont créés dans les collectivités publiques cantonale et communales, les établissements subventionnés et institutions publiques et privées, à but non lucratif, poursuivant des buts d’intérêt public.

Pour le « care » et l’emploi des femmes : 1000 emplois par an

La crise sanitaire frappe durement les femmes, en accentuant les discriminations qu’elles subissent sur le marché du travail et dans la répartition inégalitaire du travail domestique. Les femmes subissent ainsi un report de charge supplémentaire dû à l’insuffisance des services de prise en charge collective des personnes âgées ou handicapées et des enfants. Parce qu’elles occupent souvent des emplois précarisés, les femmes de moins de 40 ans sont actuellement les plus touchées par la perte d’emplois (OFS mars 2021).
Créer des emplois sociaux, sanitaires et dans le « care » permet de valoriser et remplacer par un emploi reconnu le travail gratuit que les femmes assument massivement auprès de leurs proches. Créer de l’emploi public dans le « care » c’est aussi valoriser le travail du personnel de l’économie domestique.

Pour la santé de la population : 1000 emplois par an

La crise sanitaire a montré les fragilités d’un système de santé qui a subi des cures d’austérité durant 30 ans. Il n’a pas été à la hauteur de l’ampleur de la crise, car il a fallu trier les malades, reporter et renoncer à des soins, dans une des régions les plus riches du monde. La surmortalité a frappé durement les personnes âgées et vulnérables de tout âge et le personnel subit des conditions de travail très dégradées. Les virologues mettent en garde : le Covid-19 n’est pas un cas isolé, mais la première crise mondiale d’une liste qui risque d’être longue si les causes profondes des zoonoses ne sont pas combattues. Dès lors, pour Genève il s’agit en premier lieu d’assurer à la population des services de santé à la hauteur de l’enjeu.
L’initiative propose de créer des emplois dans les services de santé de manière à pouvoir répondre de manière qualitative aux besoins courants de la population et en suffisance lors de pics tels que les pandémies et les catastrophes.

Pour une transition sans casse sociale : 1000 emplois par an

Alors que la transition climatique exige la réduction des industries et services polluants, la crise du Covid a réduit de manière abrupte l’activité de l’aéroport et du tourisme d’affaires. Ce n’est pas aux travailleuses et aux travailleurs des secteurs voués à réduire leurs activités ou à disparaître de payer ce tournant. Personne ne doit rester sans emploi à cause de changements nécessaires à l’ensemble de la population.
L’initiative prône une transition aussi sociale qu’écologique. Sans attendre les faillites et les licenciements collectifs qui menacent le personnel de l’aéroport, des hôtels ou de l’industrie, l’initiative impose à l’Etat de créer rapidement les emplois stables, durables et rémunérés correctement pour assurer les prestations à la population, dans une perspective de développement durable. Au bénéfice de tout le monde et de la planète, mais à l’abri du chômage et de la pauvreté.

Pour la reconversion professionnelle et la formation : 1000 emplois par an

La transition climatique implique que des pans entiers de l’économie devront se repositionner. Cela nécessite des plans de reconversion économique et professionnelle ambitieux pour le personnel des branches en difficulté et les personnes sans-emplois.
Par la création d’emplois, l’initiative crée les débouchés professionnels vers de nouveaux secteurs d’activités pour les personnes dont l’emploi est menacé ou qui veulent s’orienter vers des secteurs moins polluants. Elle permet également la création de postes dans la formation et l’orientation professionnelle, afin de développer des programmes de formation et de requalification destinés à assurer les reconversions.

Pour la relocalisation : 1000 emplois par an

La crise du covid a démontré la grande vulnérabilité de notre système économique, basé sur la délocalisation de la production industrielle et l’approvisionnement à flux tendu. L’initiative favorise le développement d’industries locales capables de produire le matériel et les produits nécessaires aux besoins d’urgence, notamment sanitaires, de la population en cas de crise aigüe (pandémie, catastrophes, black-out, etc.).

Pour partager l’emploi et vivre mieux : 32 heures hebdomadaires au lieu de 41 heures

L’initiative préconise d’encourager la réduction de la durée du travail pour créer des emplois et vivre mieux. La durée du travail en Suisse et à Genève a reculé dans les années 50 puis 70. Mais elle stagne autour de 42 heures hebdomadaires en Suisse et 41 à Genève depuis le début des années 90. Elle reste une des plus élevées d’Europe, alors qu’elle est de 28,9 heures aux Pays-Bas, 34,5 en Allemagne, 36,1 en France. Réduire la durée hebdomadaire du travail sans réduction de salaire – afin de répartir les gains de productivité – permet d’agir sur plusieurs plans : réduire le chômage actuel, pallier les pertes d’emploi à venir, partager l’emploi. Cela permet aussi de corriger des déséquilibres : 60% des femmes travaillent à temps partiel, souvent dans des emplois peu rémunérés et mal protégés dans les services.